Ashvin Seeboo, CEO du pôle immobilier, s’exprime sur la situation du marché immobilier.

Comment voyez-vous évoluer le marché immobilier en ce moment de crise ?

Pendant le confinement, il y a eu un ralentissement dans les transactions mais depuis le secteur immobilier a rapidement repris ses activités afin de rattraper le retard.

Force est de constater que la crise a particulièrement impacté  une catégorie d’acquéreurs, ceux qui souhaitaient contracter un crédit immobilier et qui avaient peu ou pas d’apport personnel ont été contraints de quitter le marché. Par contre les autres catégories d’acquéreurs sont toujours actifs car les relocalisations (pour le travail, pour changer de vie, pour l’expatriation) ont toujours lieu et il existe toujours le besoin de loger les seniors et les personnes à mobilité réduite.

L’immobilier étant tangible, contrairement aux valeurs mobilières de placement, a aussi gardé son statut de valeur refuge et continue à attirer de nombreux investisseurs même pendant cette période de crise. Selon une étude réalisée par se SeLoger, plus de 75% des investisseurs attestent que leur enveloppe n’a pas évolué suite à la crise du Covid-19 et 6% ont prévu de la revoir à la hausse.

De plus, les mesures budgétaires prises par le gouvernement afin de relancer l’économie mauricienne ont aussi renforcé l’attractivité du pays en tant que destination pour investir dans l’immobilier. En effet, le nouveau seuil d’investissement immobilier de 375 000$  (anciennement 500 000$) pour l’obtention du statut de résident permanent sur le sol mauricien a redessiné la demande des investisseurs étrangers.

Cependant les promoteurs immobiliers doivent s’adapter au contexte actuel. Cela le Smart & Happy Village de Cap Tamarin l’a compris et a tout mis en œuvre pour accélérer la digitalisation de ses transactions immobilières. En effet, nous avons investi dans des visites virtuelles pour notre projet O’Patio afin de permettre aux acheteurs étrangers de visiter les appartements comme s’ils y étaient ! Nous avons aussi mis en place la possibilité de réserver un bien à distance. Sans oublier que nous prenons en considération les nouvelles aspirations des acheteurs, suite à la crise, lors de la conception de nos projets immobiliers. Je suis confiant que le marché de l’immobilier retournera progressivement à la “normale”, même si cela prendra plusieurs mois.

Comment la crise Covid-19 a-t-elle transformé le logement de nos rêves ?

Selon de nombreuses études, la crise Covid-19 a influencé le comportement des particuliers dans leur choix d’acquisition immobilière. La période de confinement a amplifié le besoin de liberté, d’espace, de nature et de nombreuses personnes sont ressorties avec un attachement renforcé à leur domicile. Dorénavant les gens veulent un habitat, un lieu de vie et non un simple logement !

Une résidence avec balcon et/ou jardin, un espace pour s’isoler et/ou de travail dédié n’a jamais autant fait rêver. Bien qu’il ne soit pas toujours possible de trouver une habitation avec un jardin ou une terrasse, il est important de noter que les potentiels acquéreurs ont fait ressortir le désir d’avoir un parc ou un espace vert près de chez eux. Ces derniers aspirent aussi à avoir plus des facilités du quotidien à proximité.

Selon vous, quel type d’achat immobilier faudrait-il privilégier en ce temps de crise ?

De nombreux critères doivent être pris en considération à l’achat d’un bien immobilier : les besoins présents et futurs, l’emplacement, le prix,… Dans le contexte local, la question se pose souvent entre acquérir un terrain viabilisé ou un logement en construction/déjà construit. Cependant, l’achat d’un terrain viabilisé comporte plusieurs inconvénients :

Moins de liberté

Bien qu’en théorie, l’achat d’un terrain viabilisé procure une grande liberté au niveau d’un projet et de sa réalisation, en réalité des nombreux morcellements résidentiels ont un cahier des charges complet limitant ainsi le choix de l’architecture, de l’agencement, de matériaux, de briques de façade,  de fenêtres…

Demande plus de temps

Trouver un constructeur fiable ne se fait pas du jour au lendemain, il faut chercher, contacter, comparer et tout cela prend non seulement du temps mais ne donne aucune garantie d’avoir fait le bon choix au final. Qui plus est, le côté administratif (demandes de permis de construction, aval des autorités,…) et le suivi des travaux requièrent beaucoup de temps et sont souvent fastidieux.

Coûte plus cher

Au premier abord, le coût total de l’achat d’un terrain viabilisé et la construction de sa maison peut sembler moins cher que le coût d’acquisition d’un bien en construction/déjà construit, mais ce n’est pas toujours le cas. Il y a souvent des coûts cachés, par exemple les frais de l’entretien du terrain, en attendant de débuter la construction. De plus, contrairement à un  logement déjà construit qui peut être loué, un terrain viabilisé ne procure aucun revenu locatif.

Développement régional

De plus, les objectifs et politiques de développement régional peuvent dans le futur rendre certains terrains viabilisés inaptes à la construction (résidentielle) ou contribuer à la dépréciation du terrain. Cela se produit principalement dans des régions sans plan d’aménagement global.

En ce temps de crise, tous ces inconvénients rendent ainsi l’acquisition d’un bien en construction ou déjà construit, plus attractif.